samedi 3 février 2018

Anubis again


Sous la lumière des réverbères qui peignent des ombres sur l'asphalte, quand l'astre lunaire fait sombrer les yeux.  Danser aux éclats d'une source tertiaire un slow dé-matérialisant les pixels.

Chalouper langoureusement à se frôler les os, nos peaux si dangereusement effleurées.


N'être qu'organiques sensations, se perdre dans nos interactions, laisser le temps filer au long cours. Offrir chaque parcelle, découvrir patiemment, chahuter gentiment, vagabonder lentement.

Trop vite, trop fort, trop sommairement, insatisfaits de ces essais non concluants.

Passablement meurtris par avant, à tâtons, tester de peur de se blesser. Claquer sa coquille à l'acidité, tourner le dos et s'envoler. Au crépuscule s'affoler, s'égarer pour recentrer ses actions, et des sous-entendus se soustraire.


Regarder en face ce qui a laissé des traces, ce qui prive encore, ce qui peine à cicatriser.

Ne pas se dédouaner de ces collatéraux dommages, claquer des cils et laisser perler.
Grogner et rugir.
Se quereller l'égo, se crêper jusqu'aux neurones pour débroussailler.
Tailler à la masse, couper à la hache, dézinguer sans ciller.

Aller là où ça fait mal pour ne plus avoir à y retourner, premier de cordée un rien enlisé. De métal trempé ou de fioritures dorées, en exploser les barreaux. Lassée de rage et enragée de vouloir être enlacée. Aux assassines ravines creusées au long des ans, apposer des pansements.


Aux désirs précaires, à l'image qui soudain touche plus que la chair, sans crier gare, égare.
Sans garde fou, aux abois, hagarde percutée par un triangulaire dangereux hasard.

Et s'il cogne encore entre les tempes et les tympans, et s'il se remet doucement, alors c'est qu'il vibre encore. Fragile comme une bulle de savon givré. Le protéger sans l'enfermer, consolider ses contours sans barricader ses coronaires.

Juste milieu à l'équilibre précaire, tant le vide est présent, tant la peur a fait sa tanière.

Elle grogne à l'approche, montre les dents, décourage et fait semblant. Comme l'animal à dompter : être patient.
Avancer prudemment. Brusquer et c'est plié. Archivé, rangé et acheminé vers la broyeuse aux oubliés.


Une guerre interne s'opère, stratagème de l'extrême défensive, l'occiput tempête.
Le nerf guerrier décisionnaire et réfractaire des ventriculaires indispose, s'oppose, recompose, ravive et revient. C'est tout ou rien, abdiquer, rendre les armes et avouer.

A pieds joints dans la zone inconfortable plonger.

La raison déraisonne quand il tonne, quand il s'agite et palpite, en zone rouge, chercher l'interrupteur, vouloir être off.


Noyée, asphyxiée, ne plus trop savoir où on a pied, si on sait encore nager dans le bonheur, ou si le chant des sirènes sera encore un merle moqueur.

Comme les bouteilles lancées aux tourments iodés, jeter les mots, s'ils échouent alors, le silence sera d'ors et déjà la riposte. Dérisoires désillusions qui finiront en souvenirs à la marge.

Quand au large, les yeux rivés, les doigts noués dans d'autres mains, recommencer.


Faire la planche ou crawler dans les eaux agitées. Touchée mais pas coulée.
Reprendre souffle, taper du pied, s'ébrouer et viser loin devant au fuyant.

A l'horizon jeter ses désirs, à l'instinct de ces instants se fier, quitte à se tromper.

Si l'intensité et la peur sont aussi à l'autre de faux amis, si la fausse route n'est qu'un faux départ alors, remettre à flot pour embarquer, pour naviguer à contre courant si l'envie nous en prend. A l'opposé si le rictus se dessine ou si les lignes ici se terminent, en garder à fond de cale, une toile, une parcelle de parcours.


D'infinitésimales nous sommes constitués, douces et rudes pour nous dessiner, puissent nos passés fissurés se séduire, se combler, s'aventurer.

Au trop parfait, au trop lisse, préférer les délices des imperfections et cicatrices.

Alambiquée mais assurée, assurément décidée, diablement sujette à l'envie. Des boots claqueter mes pas sur les quais, de perdre un peu le Nord.

Je ne connais pas la sténo et dans ma saga tout est à l'égo, danser entre les lignes plutôt qu'au mot à mot.
A toi le tort de trop me plaire*.

Ni trop froid, ni trop chaud, je crains les courants d'air, je veux la juste atmosphère.







Angel Olsen
"Shut up kiss me"





* A quoi bon lire pour se taire ?

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